Back to Corsica… Back in Paesi ?
Après plus d’un an et demi, de confinement en confinement, le quotidien des corses, intramuros ou non, s’est transformé. Alors qu’une partie de la diaspora y a vu une possibilité – facilitée par le télétravail – de se reconnecter avec son île, cette situation a dans le même temps permis à de nombreux corses de se recentrer sur l’intérieur, redynamisant ainsi un monde rural laissé à la dérive depuis des décennies.
Pour ce premier numéro d’Orizonte, un point a été fait sur certaines initiatives qui se sont démarquées, en ces temps troublés, pour faciliter cette transition. En parallèle, il convenait aussi de dresser un bilan honnête, et parfois critique, de ce qu’il manque cruellement à la Corse, pour relever tous les défis de ce 21ème siècle, et tirer ainsi pleinement profit des avantages de la transition numérique.
U ritornu in « a tarra sacra »
À l’aube de chaque confinement, les vols Continent-Corse ont été pris d’assaut. Preuve en est : la multiplication des avions affrétés à l’occasion par Air Corsica et Air France, afin de permettre le retour dans l’île de nombreux expatriés, mais aussi celui de nombreux propriétaires terriens continentaux, préférant de loin un confinement insulaire à la vie sous couvre-feu imposée en Île-de-France et dans les grandes villes. Cette situation, en Corse comme sur le continent, a provoqué de nombreuses levées de boucliers du monde rural à l’encontre les mesures mises en place, permettant au virus de circuler impunément en région alors que – pour prendre l’exemple corse – le GreenPass, proposé très tôt par la CdC (Collectivité de Corse), avait été refusé en haut-lieu, avant d’être généralisé sur l’ensemble du territoire.
L’evoluzioni tecnologichi è l’iniziativi di u mondu paisanu
Cette dernière décennie, le développement de la technologie mobile a permis à de nombreux corses de « rester connectés » en montagne. Il était jusqu’alors nécessaire, pour accéder au net, d’avoir une ligne téléphonique munie d’un abonnement spécifique, chose très rare dans les maisons secondaires. Dans le même temps, l’évolution de l’offre internet a vu récemment l’avènement des Airbox, utilisant pleinement l’essor de ces réseaux non filaires. Ces « box sans engagement » ont trouvé largement acquéreur en Corse durant ces périodes de confinement. En parallèle, aux quatre coins de l’île, depuis plusieurs années, de nombreuses municipalités se sont efforcées de développer leur attractivité, utilisant toutes les ressources à disposition et s’appuyant souvent sur l’innovation technologique, afin de faciliter un retour au village, et d’éviter ainsi l’extinction programmée d’un monde rural à l’agonie. Ces initiatives ont toutes trouvé un écho favorable ces deux dernières années, du fait peut-être du contexte sanitaire.
Cuzzà, u « smart » paesi
À plus d’une heure d’Ajaccio, Cozzano est, depuis 2017, au coeur d’un projet expérimental de l’Université de Corse et du CNRS. L’objectif : optimiser la gestion des
ressources de la commune en mettant la recherche au service des acteurs locaux. Le village de 300 âmes perché à 750 m d’altitude s’est ainsi doté d’un Centre d’Immersion/Innovation Numérique par la Technologie, et d’un espace de coworking à tarifs très attractifs (allant de 5 € la demi-journée à 150 € par mois, et gratuit pour les étudiants et les demandeurs d’emploi). Par ailleurs, Cozzano investit depuis 20 ans dans les énergies renouvelables. Ces efforts en matière de protection de l’environnement, d’économie d’énergie et de réduction de la pollution, ont permis à la commune d’obtenir récemment le label « Villes et villages étoilés ».
U Salice, a scumissa di a vittura elettrica
Le village du Cruzini a décidé de miser sur la forte augmentation du parc locatif électrique dans l’île. Salice, situé à 610 m d’altitude au coeur de la Communauté de communes Spelunca-Liamone – la plus grande et l’une des moins peuplées de Corse – espère ainsi attirer une nouvelle clientèle touristique dans sa microrégion, tout en mettant un peu plus en lumière ses atouts. Il faut savoir qu’il n’existait jusque-là que 4 bornes de rechargement automobile dans l’île, et aucune dans le rural. Pas pratique pour visiter.
U Musuleu, locu nuvatori
La petite commune de Balagne devrait mettre en service cette année un système particulièrement innovant, combinant installations photovoltaïque et hydroélectrique. Le but : compenser l’intermittence en production de ces énergies, et ainsi diminuer la dépendance en approvisionnements extérieurs. Projet développé par la Startup corse Stepsol et largement plébiscité dans la presse spécialisée, cette installation à l’échelle d’une collectivité sera une première. Dans une île sévèrement dépendante des énergies fossiles, le déploiement de telles infrastructures permettrait de faire un pas en avant vers l’indépendance énergétique, en développant une production locale propre, tout en s’affranchissant des pollutions dues au fuel… Un vrai défi pour l’avenir !
In Carbuccia, una reta paisana 2.0
S’appuyant sur une aide territoriale, le village de la Haute-Vallée de la Gravona s’est doté récemment d’un site internet et d’une application mobile, référençant l’ensemble des activités et services proposés par ses ressortissants. L’application mobile permet par ailleurs à tous les habitants de se tenir informés de l’actualité de la commune, par le biais de « notifications push ». Carbuccia a en parallèle mis un place un vrai service fonctionnel dématérialisé : disponible en ligne comme sur l’application, ce dernier permet de réaliser à distance toutes les démarches proposées en mairie : demande d’actes de naissance, d’actes cadastraux, inscription à l’école, etc. Carbuccia fait figure, pour l’heure, dans le paysage rural insulaire, de commune pionnière quant à ces innovations, d’autant plus pertinentes au vu du contexte sanitaire récent.
U sustegnu di a CDC
Pour chacune des initiatives précédemment citées, la Collectivité de Corse a joué un rôle prépondérant en tant que co-financeur. De nombreux outils et aides ont été mis à disposition des communes. Il n’en est que plus dommage que ces initiatives restent à la marge en ce qui concerne les petites municipalités. Pour exemple : l’aide au développement du numérique en langue corse, sollicitée par la commune de Carbuccia, et finançant à hauteur de 80% la création d’un site internet dédié pour les collectivités (jusqu’à 3 000€), n’a pour l’heure trouvé que très peu d’écho dans l’île. En cause peut-être : l’absence indéniable d’un portail unique, clair et fonctionnel, à destination des communes. Ce dernier, pourtant facile à mettre en place, pourrait référencer les différentes aides disponibles, et faciliter les démarches administratives pour les petites collectivités, souvent noyées sous la paperasse.
A fibra : una primura… chì pidda tempu
Le 8 novembre 2018, la Collectivité de Corse et SFR officialisaient le lancement du déploiement du Très Haut Débit dans l’île. Le plan « France Très Haut Débit », qui vise à couvrir l’intégralité du territoire partage la Corse en deux zones distinctes : La première, composée des communes de la CAB (Bastia), la CAPA (Ajaccio) et Biguglia, pour lesquelles l’opérateur aménageur en fibre est Orange. La seconde zone est quant à elle composée des 344 autres communes de Corse, pour lesquelles SFR a été retenu pour déployer la fibre, au terme d’une consultation de la CdC en juin 2018. Pour cette dernière zone, son déploiement se fait petit à petit, au fur et à mesure que l’on s’éloigne d’Ajaccio et Bastia, et devrait s’achever… à l’horizon 2024. Pas facile pour les villages !.
Quid di a reta di i telefunini ?
Depuis 2018, dans le cadre du dispositif gouvernemental New Deal Mobile, visant à permettre une couverture complète de l’île, 57 « zones blanches » – non couvertes par le réseau – ont été identifiées. 7 ont d’ores-et-déjà été comblées, et 6 autres devaient l’être durant cet été 2021. Il n’en reste pas moins 44 à équiper
avant d’atteindre l’objectif escompté ! Compte tenu des chiffres précédemment cités, il apparaît qu’en matière de numérique, dans l’île, des inégalités demeurent.
Néanmoins, celles-ci tendent clairement à se résorber. La généralisation du télétravail durant ces deux dernières années, ainsi que les nombreuses initiatives du monde rural ont certainement pesé en faveur d’une certaine revitalisation de l’intérieur. Si la Collectivité de Corse et l’État ont de toute évidence mis en place des moyens importants pour le développement du numérique, son déploiement effectif sur l’ensemble du territoire, et particulièrement en montagne, reste à finaliser. Il sera nécessaire de concrétiser celui-ci, afin que ce retour au village s’inscrive dans la durée.
Article rédigé en partenariat avec le site d’informations : www.corsica.news
Dopu à ‘ssi dui anni stampati da u Covid-19, hè monda cambiatu u cutidianu di i Corsi, intramuros ò fora. S’edda hà trovu quì a Diaspora una pussibilità di ricunnettà si incù a so tarra, sò centenai è centenai l’isulani ad essa ricuddati in paesi. Quì, hà ghjuvatu monda, di sicura, u sviluppu di a tecnologia, è a generalizazioni di u « télétravail » temp’à u cunfinamentu. Basta oghji ad avè un telefuninu da pudè cunnettà si à internet. Attempu, aiutati da a CdC è u Statu, parechji picculi municipalità ani fattu anch’iddi a scumissa di i novi tecnulugii, da favuriscia u ritornu in muntagna. Ma ciarti volta, ùn basta micca : ci vularà ad aspittà parechji anni, pà ch’idda ci sighi a fibra in ogni rughjoni. Listessu affari pà ch’iddi sighini culmati l’ultimi bioti di a reta telefunina isulana. Tuccarà à finalizà ‘ssi dui scopi maiò di a transizioni numerica, da arradicà di di più ‘ssu ritornu in paesi.