En arrivant à Fiuminale nous reviennent les paroles de la chanson d’Antoine CIOSI :
«Chì locu stranu ! Ùn si vistica un cristianu ! « Le village étant en effet abandonné depuis la disparition de sa dernière habitante « Zia Devota » en 1981, qui emporta avec elle les souvenirs d’un temps plus radieux…
Pourtant, de nombreuses personnes de Velone-Ornetu continuent de se rendre régulièrement sur place, notamment à travers l’association San Ghjiseppu di Fiuminale, qui a réhabilité la chapelle éponyme en prenant soin d’inscrire sur sa porte massive « sempre fidati » ; ou qui organise encore une messe le 1er mai, suivie d’un buffet festif. Une manière de ne pas rompre définitivement avec ce lieu et d’entretenir la mémoire collective.
Cela fait d’ailleurs 17 ans que Jean-André SANTINI, berger de Velone-Ornetu, effectue sa transhumance à Fiuminale accompagné de son épouse et de leurs deux enfants ; de la mi-juillet à la mi-octobre et sans doute moins par nécessité que par amour de sa terre et pour la valeur symbolique de cet engagement. Si on lui pose la question, il répondra simplement que c’est mieux pour les bêtes et qu’il apprécie le fait d’être isolé pour un moment avec sa famille, malgré les difficultés liées au métier qu’il faut faire avec passion car « les années comptent doubles », pour reprendre ses mots.
Il s’inscrit donc dans la lignée des bergers d’antan qui partaient comme lui, parfois avec femme et enfants, chacun mettant alors la main à la pâte dans l’entreprise familiale. À la différence que leur lieu d’estive comporte tout le confort moderne et qu’ils peuvent être ravitaillés par hélicoptère. Un luxe que nos anciens ne pouvaient certes pas imaginer.
Mais certaines choses ne changent pourtant pas, les bêtes sont en liberté et effectuent leur parcours d’elles-mêmes. Notre berger les récupère tous les 2 à 3 jours pour la traite afin de confectionner ses fromages. Cette pratique connue sous le nom « d’invistita » remonte à la nuit des temps. En effet, nous savons que les lieux de vie des bergers du néolithique se trouvaient au cœur du circuit de leurs bêtes et que les troupeaux empruntent toujours les mêmes chemins encore aujourd’hui ! Formant alors une chaîne ininterrompue de la préhistoire à nos jours !
Mais si les « fattoghje » ont laissé place aux faisselles en plastique, les gestes, les bêtes et les Hommes restent essentiellement les mêmes. Ainsi se tisse la trame du temps, entre tradition et modernité…
Traduzzione in francese
Dapoi a disparizione di l’ultimi abitanti, u paese di Fiuminale ùn hè ancu decisu à morre. À traversu l’associu San Ghjiseppu di Fiuminale, i paesani di Vilone Ornetu cuntinueghjanu à fà campà u locu. Frà elli, u pastore Ghjuvan’Andria SANTINI è a so famigliuccia, chì ci si muntagnanu ogni estate cù e so bande…
« sempre fidati. »