Qui n’a jamais rêvé de vivre libre et autosuffisant ?
Georges Solier s’est installé près de la plage du Lotu, située au nord-est de la côte du désert des Agriates, entre la Punta di Rivijola et la Punta Cavallata, baignée par le bleu limpide de la mer Méditerranée. Seul.
Celui qui considère la vie urbaine comme un « monde de fou » dépouillé de valeurs, choisit de mettre un terme à ce rythme effréné. Il y a une quinzaine d’années, Georges décide de tout quitter et pose ses valises dans ce lieu paradisiaque. Il y construit à l’aide de ses amis un cabanon rudimentaire, y installe un forage pour l’eau, des panneaux solaires pour l’électricité. Ce nouveau mode de vie est certes plus solitaire mais beaucoup plus en adéquation avec la nature qu’il aime tant.
Malgré une vie en quasi autarcie, il se tient très au fait de l’actualité. Entre télévision, radio et réseaux sociaux, il observe le monde changer tout en s’interrogeant sur la place et les intentions de l’être humain. Jusqu’où peut-il aller ? Ce monde moderne va-t-il continuer à détruire notre environnement ? C’est à travers un pessimisme certain qu’il analyse la société, même s’il admet que tout n’est pas à rejeter. La jeunesse active, qui se bat et milite pour notre identité, nos valeurs, trouve grâce à ses yeux. Elle porte l’espoir.
Jo, comme il se fait appeler, calque ses émotions sur celles de la nature. Les enjeux environnementaux font partie de ses plus grandes préoccupations. Ayant la mer et la montagne pour compagnie, il est aux premières loges pour les voir évoluer, changer. Se dégrader aussi.
Il déplore par exemple la pression touristique au cœur du remarquable site du désert des Agriates, « Le tourisme c’est très bien pour les paillotes, les commerces mais il faudrait un peu calmer les choses. » Lui-même doit d’ailleurs s’adapter aux changements climatiques. Pour se nourrir il pêche, chasse, régule ses denrées et prélève uniquement selon ses besoins.
Ce qui lui manque de sa précédente vie ? La réponse est brève et spontanée : absolument rien ! Il se devait de retrouver ce qu’il semblait avoir perdu : la liberté. Selon Jo, l’Homme s’est créé des besoins et bien des choses dont il pourrait aisément se passer. « Suite aux confinements liés à la COVID 19, je pensais que les gens auraient pris conscience qu’il est temps de vivre autrement, mais rien n’a changé… », confie-t-il amèrement.
La liberté n’est pas une utopie mais un art de vivre.
Marie-France Ochsenbein
C’est plus intimement qu’il espère que les valeurs qui l’animent se transmettront de génération en génération au sein de sa propre famille : à commencer par ses filles.
Comme l’écrit très justement l’auteure et poétesse Marie-France Ochsenbein, « La liberté n’est pas une utopie mais un art de vivre ». Si l’autarcie est pour beaucoup synonyme d’une douloureuse sensation d’isolement, Jo soutient que la solitude en tant que choix est un accomplissement, un aménagement de temps pour soi. Que d’être face à soi-même peut finalement devenir le catalyseur d’une personnalité qui vit pleinement son existence.
Admirant le golfe devant cette sublime et précieuse plage du Lotu, ce même paysage, il ne le regarde jamais de la même façon. Selon l’heure, l’ombre, la lumière. De ce changement, il ne peut se lasser. Assis sur cette colline, il contemple et pense : « Qui n’a pas de rêves est malheureux, le rêve ouvre les portes du voyage, de l’éternité. »
Dopu una vita bella colma, Georges Solier decide di tramutassi in un locu di paradisu : l’Agriate. Ghjè quasi in autunumia ch’ellu campa avà, luntanu da u scumbugliu di a cità. S’hè intratenutu cù noi nantu à e ragione di stu cambiamentu radicale.