Si la Corse a longtemps érigé des moulins à eau aux quatre coins de l’île, rares sont ceux encore en activité. Parmi ces trésors ? « U Mulinu di l’Orsu » niché à Bocognano, au bord de la Gravona.
L’eau est l’une des premières sources d’énergie utilisée par l’Homme. Les premiers moulins à eau remontent à l’Antiquité et seraient même antérieurs aux moulins à vent. Ils servaient principalement à moudre les céréales pour les transformer en farine.
Le premier mentionné date de l’an 18 avant Jésus-Christ. Un moulin niché au cœur d’un palais que Mithridate, roi du Pont et du Bosphore, fit construire à Cabire. Plus tard, Vitruve décrira un moulin à roue verticale et Pline, des moulins sur les rivières italiennes. Beaucoup pensent désormais que cette invention puise ses racines dans le bassin oriental de la Méditerranée.
En Corse, il y a plus d’un siècle, le métier de meunier était l’un des plus courant. Le nombre de moulins était de 1 pour 100 habitants. Au niveau national, la moyenne était moins élevée, de l’ordre de 1 moulin pour environ 300 habitants. À elle seule, la région d’Ajaccio comptait plus de 300 moulins, et si l’on remonte au XVIIe siècle, le Cap Corse en dénombrait plus de 70. Certains faisaient partie intégrante de l’architecture des maisons jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Un espace était dédié aux animaux, avec un emplacement pour une meule ou un pressoir. L’autre, bien distinct, était le foyer : « u fuconu ». Ces moulins furent peu à peu délaissés…
Aujourd’hui, avec énergie et passion, l’Homme soucieux de sa culture et de ses traditions, met tout en œuvre pour que plus jamais ne se perdent nos savoir-faire ancestraux.
Un bel exemple d’un moulin restauré ? « U Mulinu di l’Orsu », un trésor du patrimoine corse, construit au XIXe siècle à Bocognano. Ce moulin à eau a la particularité d’avoir deux meules. On y écrase aussi bien la châtaigne que le blé. L’année 2008 marque l’achèvement de sa réhabilitation. Aujourd’hui en activité, il permet de montrer aux curieux son fonctionnement, de produire de la farine 100 % locale, et de créer de l’emploi.
C’est justement le rôle de Jean-Noël Moretti, encadrant au sein de l’association « Aiutu Campagnolu » : un atelier chantier d’insertion créé pour les citoyens éloignés de l’emploi. Le but ? Reprendre un rythme de travail et transmettre le savoir-faire. « Nous avons différentes missions. On s’occupe de l’entretien extérieur du moulin, du nettoyage du canal, des alentours. Au niveau du moulin, on maintient le bâti en état et nous produisons la farine de châtaigne » souligne Jean-Noël Moretti.
Lors de la création de l’entreprise en 2013, la production de farine de châtaigne était excellente. Cette dernière a pourtant subi une nette baisse, parasitée par le « cynips du châtaignier », aussi appelé chalcide du châtaignier. Ce micro-hyménoptère a mis à mal la production en 2014 et 2015 et son impact se fait toujours sentir. Cette année, 400 kilos de farine de châtaigne ont été produits, une tonne était l’objectif souhaité. Une production toutefois satisfaisante, ayant le mérite d’être réalisée dans les règles de l’art.
Une farine 100% locale, grâce aux particuliers qui mettent leurs châtaigneraies à disposition en échange de son maintien et de farine. Une châtaigneraie bocognanaise couplée de son moulin à eau qui constituent de nos jours un véritable point fort de la région !
A Corsica hè una regione sturicamente arradicata ind’è l’attività agricule è pastureccie. U mistieru di mulinaiu era l’unu di i più spapersi in l’isula, nanzu chì parechje crise successive ùn fussinu preghjudiziose per sta prufessione. Primurosi di priservà u nostru patrimoniu è u nostru sapè fà, associi è particulari si sò dati di rimenu per risturà numerosi mulini, à acqua o à ventu, per ch’ellu si perpetuessi unu di i più belli simbuli di nostr’isulella.