La tradition veut que ce soit l’évêque saint Paulin de Nole (353-431) qui installe les premières cloches dans les églises. Nole est une ville de Campanie (Italie du sud) qui donna son nom aux cloches (campana).
Elles s’inscrivent dans notre patrimoine depuis déjà plusieurs milliers d’années. Les plus anciennes, en métal datent de l’âge du bronze.
Ce n’est toutefois qu’au Ve siècle qu’elles organisent de façon sonore la société toute entière.
Elles rythmaient déjà la vie des chrétiens, mais avaient aussi le rôle de gardiennes du temps. Un rôle de garde-fou également, indiquant aux habitants alentours d’un risque d’intempérie, ou d’incendie.
Aujourd’hui on les retrouve tantôt mécaniques, tantôt manuelles… Les cloches manuelles sont de plus en plus rares. Il s’avère contraignant de trouver des volontaires pour les faire chanter, et mais également pour les maintenir en bon état de marche.
C’est donc la superbe mission de Julien Orsini et Alexandre Chobon, qui ont monté tous deux la société « I campanari » à Saint Florent.
C’est avec passion, qu’ils contribuent à la conservation de notre patrimoine, au maintien de nos traditions. « Les cloches représentent la vie du village. Un village sans clocher est un village sans âme » nous confie Julien.
C’est par hasard, qu’il découvre le métier. Électricien de formation, il fait alors une rencontre déterminante : celle d’un campaniste. Il s’avère qu’à ce moment-là, cet artisan d’un âge certain cherchait quelqu’un pour reprendre l’activité. Il ne souhaitait pas transmettre son savoir-faire à n’importe qui. Trouver une personne sincèrement concernée par la valorisation du patrimoine, c’est ce qui lui tenait à cœur. Voyant Julien porter un grand intérêt à son activité campanaire, il propose de le former, et c’est ainsi que le flambeau s’est transmis. Quelques années d’apprentissage, et la deuxième activité était née !
Leurs rôles au quotidien, et au gré des chantiers recouvrent le travail de l’électrique, l’électronique, la maintenance du rouage manuel, la restauration ou rénovation de la structure elle-même, en collaboration avec la société Paccard, fondeur et campaniste à Sevrier depuis 1796…
Ils vérifient que l’ossature en bois soit en bon état. Serrage, réglage, dégraissage, le travail est complexe et très minutieux. Ce qui rend la tâche d’autant plus délicate est la hauteur des édifices où sont nichées les cloches, cela demande une organisation particulière. La plupart du temps dans des endroits extrêmement exigus. Un mètre carré pour se mouvoir quelquefois…
Le moment le plus exaltant pour ces jeunes passionnés est celui de l’installation de la cloche. C’est un véritable jour de fête. On lui donne un parrain, une marraine. La tradition veut qu’une messe soit dite, accompagnée d’une bénédiction. Tous les habitants sont présents. C’est toujours un événement chaleureux, de partage, d’échanges, où tous se retrouvent autour de traditions d’antan.
La volonté de Julien et Alexandre est claire, assurer la pérennité de ce métier de niche. Un métier qui demande beaucoup d’exigence, de patience, de délicatesse et de force à la fois. L’activité campanaire est riche et passionnante. Ils souhaiteraient transmettre aux nouvelles générations le goût du métier, pour que toujours retentisse le chant des cloches, à l’instar d’une madeleine de Proust.
Qui n’a jamais été fasciné étant enfant les notes puissantes de cloches, accompagnant nos moments de vie qu’ils soient tristes ou festifs ?
Julien Orsini è Lisandru Chobon eserciteghjanu un mistieru di i più anziani : campanari. Anu per scopu di priservà u nostru patrimoniu, i nostri sapè fà. Primurosi di trasmette a so passione, sò in brama di pudè insignà à e nuvelle generazione i valori di stu travagliu fora di u cumunu, pocu cunnisciutu ma d’una ricchezza sprupusitata.