26 septembre 2024

Christophe Mac Daniel

Ghjuvan’Federiccu Terrazzoni : Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

Cristofanu Mac-Daniel : Après des études de musique, rentré en Corse et ne voulant pas faire d’enseignement, je me suis tout d’abord tourné vers la facture de piano chez M. Blanc (Blanc musique) à Ajaccio. Dans le même temps je fréquentais beaucoup les Studios « Ricordu » où j’avais enregistré le 1er album de mon groupe « Rialzu », où je travaillais avec « Canta u populu Corsu » en tant qu’arrangeur ou technicien, ainsi qu’avec tous les chanteurs et groupes qui venaient enregistrer . Après 2 ans chez « Blanc » , je me consacrai uniquement à la musique et à la technique audio . C’est alors que j’ai commencé à travailler à France 3 Corse comme contractuel pendant des années, puis comme titulaire plus tard. La composition, les arrangements musicaux, les enregistrements et les concerts étaient eux aussi dans ma vie de tous les jours..

G.F.T. : Quelle serait votre expérience la plus mémorable en tant qu’ingénieur du son ?

C.M.D : Je pense que c’est l’enregistrement de l’album de mon groupe « Rialzu ». C’était compliqué parce qu’on travaillait sur un 8 pistes ( aujourd’hui avec les éditeurs numériques, le nombre de pistes est quasiment illimité) et on aurait eu besoin de beaucoup plus. Alors ça a été une série de « Re Recordings » ou il fallait faire très attention …. Et puis c’était le 1er enregistrement de mon groupe …..

Une autre expérience passionnante a été l’enregistrement d’un orchestre symphonique en direct Multipistes ainsi que son mixage avec des grosses machines ( Consoles Neve , Studer) Beaucoup de belles expériences dans divers studios …….

G.F.T. : Quel genre de projet (musique , radio, télé) avez-vous le plus apprécié et pourquoi ?

C.M.D : En vrac : mon premier album « Rialzu », le travail avec Canta u polpulu Corsu , les albums avec GP Poletti et P Guelfucci, i Chjami Aghjalesi, le groupe « Ottobre » que nous avions fait avec P Gattacecca, et tous ces petits groupes moins connus et que j’ai aidé. Certains reportages où nous avons rencontré des gens fantastiques (dans les tribus en nouvelle Calédonie, en Tunisie pendant la guerre du golfe, dans nos villages quand on y passait plusieurs jours etc.). Les enregistrements de l’émission « U Live » Pourquoi ? Ce qui est important, c’est que tous ces projets avaient du sens, le sens de la défense de notre culture, d’une vision ouverte de notre société, de l’avenir.

G.F.T. : Comment décririez vous votre style musical et comment a-t-il évolué au fil du temps ?

C.M.D : Ai-je un « style musical » ? Mon premier groupe (Rialzu) était clairement dans un style « Progressive rock » à forte tendance « Zeul music » ; mais nous revendiquions aussi une forte influence « Corse ». Pour Canta u populu Corsu, il s’agissait d’aller vers une évolution de la musique traditionnelle. Même chose pour les albums de GP Poletti avec une couleur un peu plus moderne comme ceux de P Guelfucci. Mais c’était toujours d’inspiration « Classique » ( cf « Corsica » , « Isula idea », « Mal cunciliu » ) Une petite différence pour « Innu » (Guelfucci) qui établit un lien entre le traditionnel et le rock progressif Ottobre est un peu plus « Jazz ». Notre dernier album avec Fredy Olmeta est Rock Progressif.

G.F.T. : Quelle est la composition dont vous êtes le plus fier et pourquoi ?

C.M.D : A mon sens, la plus réussie est « Innu » que j’ai fait avec Ghjacumu Thiers pour Petru Guelfucci. J’ai donné les thèmes musicaux à Ghjacumu et il a écrit dessus. C’est vraiment le lien entre la tradition et une musique plus moderne. Le texte lie aussi la religion aux croyances profane, c’est magique.

G.F.T. : Pouvez vous partager une anecdote ou une expérience liée à votre carrière ?

C.M.D : Nous sommes à Paris avec Petru Guelfucci. Tout est prêt et les balances sont faites. On ouvre le spectacle avec «Corsica» moi seul au piano.

Comme j’ai 3⁄4 d’heure devant moi, je décide d’aller prendre un café. Je sors du théâtre et je prends mon café. Il me reste 20 mn pour me changer et rejoindre la scène. Je prends l’ascenseur, 2ème étage et, horreur, ce ne sont pas les loges, c’est une bibliothèque. Je retourne à l’ascenseur, je suis bien au 2ème. Je commence à courir dans les couloirs pour trouver des gens, enfin, je tombe sur un type qui me dit : « vous vous êtes trompé d’ascenseur » et il me guide, je m’habille à toute vitesse…le haut parleur : 3 mn avant l’entrée en scène, les chaussures, 2 mn, l’ascenseur, 1mn, je déboule sur la scène : « Mà induve eri ? Ch’ai fattu ». Je rentre sur scène avec le trimuleghju et j’attaque le morceau. Un véritable cauchemar.

Une autre anecdote : Nous étions à Paris chez « Olivi Music ». Le soir nous sortons et faisons un peu la fête. Le matin , la gueule enfarinée, le producteur me dit : « le violoniste arrive dans une demi-heure pour enregistrer U Cumediente ». Sauf qu’il devait venir le lendemain et que la partition n’était pas écrite, ni même imaginée. Démerde toi. J’ai donc écrit la partie en un quart d’heure avec la gueule de bois. Finalement, le résultat est plutôt bien.

G.F.T. : Quel conseil donneriez vous à un compositeur débutant ?

C.M.D : Si il veut gagner des sous, il lui faut un bon réseau, savoir qui draguer et faire dans le style qui marche. Si il veut créer vraiment c’est-à-dire faire quelque chose d’original, ne surtout pas écouter le style qui marche et puiser ses influences dans les multiples musiques du monde. Maintenant , ça , c’est plus dur. Et il y a plus que 4 accords en position fondamentale et quatre notes pour la mélodie. En plus, les radios ne te passeront pas… ils ont des consignes de là haut.

Cristofanu Mac-Daniel, unu trà i criatori è cumpunitori isulani i più famosi, dapò u « riacquistu » di l’annati sittanta, hà intricciatu i so noti è u so sensu musicali incù una numaru smisuratu d’artisti di prima trinca o di suttuscala. Omu di rigiru, maestru di u sonu schiettu è di l’armunìa ghjusta, v’eccu quì un iscambiu assai intarissanti incù iddu.

Testu : Ghjuvan’Federiccu Terrazzoni

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