À la sortie du deuxième conflit mondial, le vélo était encore un moyen de locomotion très utilisé en Corse. Il n’y avait donc qu’un pas pour que ce sport, le cyclisme, soit une des activités les plus populaires de ce temps.
Les cyclistes de l’époque pouvaient à juste titre être considérés comme des héros, en effet réaliser des trajets Ajaccio – Bastia aller-retour dans des conditions parfois dantesques n’effrayait pas ces champions à l’endurance hors norme.
D’anecdotes en anecdotes, en enjolivant parfois le passé, d’illustres anciens nous content un temps qui ravive les souvenirs pour certains ; et qui pour d’autres vont vous faire voyager au sein d’une époque où ce sport était roi.
Nombreux sont les coureurs qui ont sillonné les villages corses sous les vivats du public, les boyaux en bandoulière afin d’anticiper la crevaison. Les arrivées sur le cours Napoléon ou la Place Saint Nicolas devant une innombrable foule, tel était le quotidien des champions de l’époque. Les clichés illustrant les arrivées à Ajaccio et à Bastia nous montrent la passion qui existait sur le bord des routes insulaires mais, ce qui illustre d’autant plus la popularité de ce sport à cette époque est que tous les cantons de l’île organisaient leur course.
Le tour de Corse qui a eu lieu seulement à trois reprises cette décennie-là (1950, 1956 et 1958) a empêché la progression de ce sport au sein de notre île. Pour autant, c’est tout le peloton insulaire qui changeait de braquet afin de rivaliser de temps à autres avec certains coureurs internationaux. Faire la part belle aux athlètes qui avaient l’honneur de participer aux courses internationales comme le tour de France ou les championnats du monde était pour les amateurs insulaires une fierté inégalable.
Les anciens se rappellent que les meilleurs coureurs de l’époque avaient des compétences dans différentes disciplines, ainsi l’ajaccien Toussaint Sciaretti était spécialiste du cyclo-cross ; Jojo Torre ; quatre fois champion de Corse de vitesse tout de même ; avait battu à la pédale, le champion du monde de vitesse italien de l’époque. Les anciennes gloires de l’époque sur course en ligne se nomment au début de la décennie Gino Zei (un des plus grands sprinteurs de sa génération), puis on retrouve Lucien Subrero, Armand Fiorentini tous deux bastiais et dont la réputation dans l’art de gagner les courses n’était pas à faire. Plus au sud Jean-Baptiste Marchetti ou encore le porto-vecchiais Mondoloni faisaient parler leur coup de pédale au peloton insulaire. Certains, comme François « Fanfan » Bartoli ont connu leur heure de gloire sur le tour de Corse. Ainsi nous pouvions lire au sein la presse : « magnifique chevauchée solitaire de François Bartoli sur le 14ème tour de Corse
cycliste ». Un titre qui pouvait résumer une carrière ou en tout cas graver dans l’esprit collectif le nom de ces exploits insulaires.
Malheureusement le manque de confrontations régulières avec des coureurs venus de l’extérieur marqua un frein à la progression des cyclistes insulaires, une certaine lassitude pouvait même s’installer.
Aucun d’entre eux n’aura eu la chance d’intégrer une équipe « professionnelle » qui réalise les grands tours, par manque de visibilité sans doute car le talent et la passion eux étaient bien au rendez-vous avec des performances largement reconnues.
Bibliographie :
Une histoire du cyclisme en Corse 1890-1960, Francis Beretti, Ange-Laurent Bindi, Didier Rey, éditions Alain Piazzola, 2020
U ciclisimu corsu era sempre u «sportu Rè» ind’è l’anni 50, ogni cantone urganizava a so corsa è i cummercianti rigalavanu premii lusingheri. I ciclisti di l’epica eranu cunsiderati veri eroi. St’omi, capaci d’azzittà a pena ligata à e prove spessu dantesche, affascinavanu u publicu chì venia numerosu da incuragì sti campioni d’un altru tempu.