Alalìa est le nom grec de la cité que les Phocéens ont fondé en 565 av. J.-C., relevant d’après Hérodote, les murs d’une cité préexistante.
Quand les Grecs débarquent, ils doivent composer avec des peuples déjà présents sur ce territoire depuis environ 5 300 ans. Ces peuples ont franchi les étapes classiques des sociétés de leur temps, allant du néolithique à l’âge du fer.
Après la bataille navale dite d’Alalìa remportée en 540 av. J.-C. par une coalition de navires Carthaginois et étrusques, la mer Tyrrhénienne devient un espace dominé par ces derniers.
Les étrusques étaient les habitants de l’actuelle Toscane structurés en douze cités qui semblaient fonctionner en dodécapole, sans pour autant avoir été une fédération. Pendant près de trois siècles, Alalìa est une cité cosmopolite vivant à la mode étrusque.
La grande originalité de cette civilisation fut la place qu’elle a su accorder aux femmes.
Alalìa n’échappe pas à cette règle, il faut les imaginer : belles, élégantes richement vêtues, parées des bijoux les plus prestigieux de leur temps, attestant de leur appartenance à l’aristocratie de haut rang dans laquelle elles vécurent.
C’est à partir de la conquête romaine de 259 av. J.-C. qu’Alalìa devient Aléria.
Les nécropoles de Casabianda et de Lamaghjone nous prouvent que la pratique du banquet aristocratique étrusque a été pratiquée sur le territoire actuel d’Aléria, les tombes dites à « symposion » nous ont livré le matériel qui lui était nécessaire. Ce rituel emprunté aux Grecs dès le VIIIe siècle, consistait en une cérémonie où l’on mangeait des aliments solides, des céréales et de la viande dans un premier temps, appelé le deipnon. Puis dans un second temps, après avoir soigneusement débarrassé, commençait le symposion qui consistait à boire ensemble, une boisson à base de vin. Il s’agissait de faciliter le passage du défunt dans l’au-delà, les objets sacrés étaient pour finir déposés dans sa tombe.
On peut admirer ces objets au musée d’Aléria, notamment les deux ustensiles retrouvés à Casabianda, il s’agit d’un Rhyton à tête de chien et un autre à tête d’âne. Ce sont des coupes à boire que l’on faisait passer d’un convive à l’autre, le Rhyton masquant le visage serait à l’origine de l’invention du théâtre.
Les fresques retrouvées à Tarquinia, une des cités étrusques situées en Toscane, nous montrent des hommes et des femmes participant aux symposion, les épouses participaient à ce rituel avec leurs maris. Ce détail qui peut paraitre anodin choquait beaucoup les Grecs qui eux l’interdisaient aux femmes, et en particulier à leurs épouses.
Étonnamment modernes ces étrusques, ils semblaient être dans une égalité pratiquement parfaite dès les Ve, IVe siècle avant notre ère. Un sujet qui aujourd’hui encore est toujours d’actualité.
Nous savons grâce aux inscriptions sur les couvercles des sarcophages sculptés que les femmes pouvaient revendiquer une descendance matrilinéaire, être nobles parce qu’elles descendaient d’une femme noble. Nous savons qu’il s’agissait malgré tout d’une société patriarcale, on peut leur pardonner, ils ont vécu il y a plus de 2 500 ans, et bien de nos sociétés contemporaines sont très loin de ce niveau d’égalité et de respect mutuel.
Pour finir, je vous laisse admirer les photos de Rachele Lori au parc Galéa lors de la reconstitution archéologique de l’association des « Ruva Leu » invités par l’INEACEM.
C’est ainsi, dans la société cosmopolite de l’antique Alalìa, qu’il faut imaginer la femme corse de haut rang vivant sur le mode étrusque.
Da l’alba di u tempu, in a piaghja d’Aleria omu ci campa, dapoi u niuliticu. Tulumeu chjama i populi prisenti in stu circondu : i Makrinoi, l’Opinoi, i Sumbroi, i Koumasenoi. I Grechi Fucesi sbarcanu in u 565 nanz’à Cristu per fundà Alalìa. U storicu grecu Erudottu ci dice ch’elli anu rialzattu i muri d’un’ anziana cità. In u 540 n. à C. dopu a battaglia d’Alalìa, l’Etruschi piglianu pussessu di u locu cù l’aiutu di i Cartaghjinesi. L’arnesi è i stuviglii ritrovi in Casabianda ci indettanu chì in u territoriu d’Aleria era d’usu u banchettu aristocraticu etruscu, chì facia partecipà e donne à paru à l’omi. Moglie è mariti eranu adduniti ind’u listessu rituale, induve si manghjava e si biia u vinu da permette à i morti di francà a porta di u mondu di i vivi per l’aldilà. Giuelli in oru è altri arnesi d’altissimu valore sò a prova chì e so pruprietarie appartenianu à l’alta sucietà. Per guasi trè seculi sti populi Corsi di u rughjone anu campatu à l’usu Etruscu. Sinu à 259 n. à C., i Rumani piglianu Alalìa chì diventarà Aleria. A lingua d’urigina serà persa, u latinu essendu adupratu per diventà pianu pianu a lingua Corsa oghjinca.