Sophie Olmiccia : Parlez-nous de votre parcours !
Virgnie Torelli : J’ai grandi dans le sud de la France, à Perpignan et je passais tous les étés en Corse, à Calenzana. Ensuite, j’ai vécu en Martinique où j’ai fait l’école des Beaux-Arts et où j’ai commencé à travailler l’étain pour la fabrication de bijoux fantaisies. Très vite j’ai eu l’idée de créer avec d’autres matières et lors d’un voyage aux Caraïbes, j’ai rencontré un artisan verrier, ce qui fut une révélation !
La transparence, la lumière, les couleurs, c’est ce qui m’a attirée dans le travail du verre. Je me suis formée par la suite à Paris et au CERFAV (Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verrier). Aujourd’hui je suis donc artisan verrier fondeur par fusion.
S.O. : En quoi consiste cette technique ?
V.T. : Cette technique consiste à découper les plaques de verres, comme le font les vitraillistes pour les vitraux des églises. Je découpe, j’assemble, je fais des décors à l’émail, liquide, en poudre, des décors à l’or, des inclusions aussi, cela s’apparente vraiment à une cuisine ! Je porte les éléments au four jusqu’à 800/830 °C, minimum 24h, et c’est à ce moment que le verre va fusionner.
J’utilise aussi la méthode du « thermo formage ». Je pars de pièces fusionnées et pour leur donner une forme, je fabrique des moules (ou je les achète déjà faits), je les mets dans le four, le verre va alors épouser la forme par la chaleur.
S.O. : Quels sont les différents types de verres que vous utilisez ?
V.T. : J’utilise trois types de verres. Du verre artistique. Un verre fabriqué à la main, avec de très belles couleurs, pour les bijoux essentiellement, mes « poissons bijoux » qui sont comme des arrêtes de poissons de toutes les couleurs.
J’utilise du verre à vitre. Il me permet de faire des pièces plus grandes : des luminaires, liées à art de la table aussi. Je propose une gamme assez large, accessible à tous au niveau des prix !
Je me sers également du verre des bouteilles. Des amis restaurateurs m’en donnent. C’est du recyclage ! Je les découpe avec ma scie à verre et en fusion. J’utilise le verre ainsi récupéré pour fabriquer des carillons, des plateaux apéritifs, des vases. On peut faire beaucoup de choses…
S.O. : Quel est le défi technique quand on travaille le verre ?
V.T. : Le défi est d’aller au bout de la matière. Faire en sorte que l’utilisation de la matière soit étonnante. Quand c’est grand, c’est lourd. Mon « truc » c’est de faire des inclusions de fils de métal, cela va créer des pleins, des vides, ce qui va alléger la matière.
S.O. : Une création que vous avez réalisée qui vous a marquée ?
V.T. : C’était un concours en Balagne, à Calenzana, organisé par une association qui met la femme en valeur. C’est un thème inspirant ! J’ai fabriqué une femme en verre et acier qui symbolise la liberté, c’était une très belle pièce. D’ailleurs, celles qui symbolisent les éléments et la liberté, ce sont celles qui me plaisent particulièrement.
S.O. : Vous avez plusieurs ateliers ?
V.T. : Oui, l’atelier d’origine est à Calvi. C’est un grand atelier dans lequel j’ai installé mon four principal. C’est toutefois un local qui n’a pas « pignon sur rue » au niveau commercial. J’ai donc créé un autre atelier à Pigna, suite à un appel aux artisans fait par la Mairie. Par la suite, la ville de Calvi a souhaité regrouper des artisans dans un même espace, au sein de la citadelle. La municipalité a donc rénové un bastion, ce qui a permis à plusieurs artisans de pouvoir s’installer, lieu regroupant exclusivement des femmes ! Le but étant d’avoir de la visibilité. J’y ai placé un « baby four », il était hors de question que je ne fasse que de la vente. Je souhaite surtout montrer mon savoir-faire. J’invite d’ailleurs les lecteurs à venir découvrir notre travail !
Virginie Torelli hè vitraia funditrice per strughjera. Dopu viaghjatu assai, s’hè stallata in u paese di Pigna, in Balagna. Ci parla di u so parcorsu, di e sfarente tecniche di trasfurmazione di u vetru è di a so passione per stu mistieru chì si face sempre più scarsu.