À plus de 9 000 km de nos côtes se trouve Jeju, une île lointaine et quasi-inconnue par chez nous. Celle que l’on surnomme l’Hawaï coréenne partage pourtant de nombreuses similitudes avec la Corse. C’est en tout cas un constat personnel tiré suite à deux séjours sur l’île.
Seule province insulaire de Corée du Sud, l’île de Jeju s’étale sur près de 1850 km2, à 85 km au sud-ouest de la péninsule. Indépendante ou autonome, aussi loin
que remonte son histoire, Jeju, alors royaume de Tanma, est complètement intégrée à la Corée sous la Dynastie Joseon (1392-1910) en 1404. Si cette assimilation à un état souverain est bien antérieure à la nôtre, les différences culturelles et linguistiques sont encore bien présentes aujourd’hui, mais également en danger.
Una Corsica cureana ?
Si la distance qui sépare les deux îles est grande l’insularité les rapproche sur de nombreux points
- La Corée du Sud est 5 fois plus petite que la France continentale, même rapport entre Jeju et la Corse.
- L’île de Jeju est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, nous avons Scandola.
- Une économie basée en grande partie sur le tourisme, mais une spéculation grandissante.
- Une destination méridionale de choix des continentaux.
- Une culture et une langue toujours transmises, mais à préserver.
- Jeju Air fait écho à Air Corsica.
- Quand la clémentine corse inonde le marché français, l’hallabong (hybride d’une mandarine et d’une orange) est LE fruit de Jeju.
L’analogie aurait pu être plus longue, toutefois pour le reste, à l’image de la Corée du Sud, Jeju connait un développement fou. Aujourd’hui, plus de 650 000 personnes peuplent l’île, qui est desservie par 7 compagnies aériennes depuis Séoul. D’ailleurs, la ligne aérienne Séoul – Jeju est en 2018 la plus empruntée au monde avec plus de 14 millions de passagers. En haute saison c’est jusqu’à un avion toutes les 8 minutes qui se pose sur l’île en provenance de la capitale !
En 2018 la ligne aérienne Séoul – Jeju est la plus empruntée au monde
Si ce flot de passagers peut sembler néfaste pour un si petit territoire – « seulement » 3 millions de touristes viennent visiter notre île chaque année – Jeju offre malgré tout une nature préservée et ambitionne même d’être neutre en carbone et sans plastique d’ici 2030. La présence d’une offre touristique tout au long de l’année marque peut-être le plus gros point sur lequel les deux îles diffèrent.
Una bellezza naturale
Île volcanique, la province dispose de nombreux atouts naturels. Le point culminant du pays, le mont Halla (1 950 m), au centre de l’île, est à l’origine des nombreux tunnels de laves qui lui valent son inscription à l’UNESCO.
À Manjang-gul, l’un de ces tunnels que l’on peut visiter, il est possible d’admirer la plus grande stalagmite de lave au monde. Le long de la côte, noire et déchiquetée, se trouvent également de nombreuses curiosités liées à l’activité volcanique. On notera les colonnes basaltiques de Jusangjeolli ou la côte de Yongmeori au sud-ouest, le cratère Seongsan Ilchulbong à l’est ou bien Yongduam, le rocher de la tête de dragon, au nord.
Jeju n’est pas pour autant une île sombre aux paysages désolés. On y trouve parmi les plus belles plages de sables blancs (!) du pays, de nombreuses plantations de thé vert et de jolies cascades qui se jettent directement dans la mer du côté de Seogwipo (partie sud de l’île).
Una cultura chì si more
À l’instar de la Corse, la culture et la langue sur Jeju diffèrent du continent, mais le temps gomme malheureusement peu à peu ces différences. Ainsi, les Haenyos (femmes plongeuses en apnée), représentatives de la structure matriarcale de l’île dans un pays où le patriarcat est roi, sont de moins en moins nombreuses et de plus en plus âgées.
La langue de Jeju, qui utilise l’Hangeul (alphabet coréen), diffère grandement du coréen standard et est également menacée de disparation. En 2014 on estimait le nombre de locuteurs à seulement 5 000.
La politique d’oppression durant Joseon, les divers soulèvements, la guerre de Corée et la modernisation constante depuis auront peut-être raison de ces différences culturelles, sous les yeux protecteurs des Dolhareubang, grands-pères de pierre, représentations de divinités pourtant censées les protéger des démons…
È sì u sviluppu isulanu nasceria da u mischju di st’isule ?
Si dice di a Corsica ch’ella hè a più vicina di l’isule luntane. Ghjè per lu menu u casu in Francia è più à a larga in Europa. Esisteranu d’altre vicine isule luntane? A quistione si pò leghjittimamente pone scuprendu à l’isula Cureana di Jeju, à menu di una centinaia di chilometri à u miziornu di a Curea suttana. Esotica quant’è luntana fussi, Jeju pare sparte tuttavia numerosi punti cumuni incù a Corsica. Un’alter ego da mondu in là.